22 mars 2023
Édito de Lamine Gharbi (Président de la FHP) – Quel « pacte santé » pour les territoires ?
Le contexte politique est passablement éruptif, nul ne peut le nier, et peu propice à poser les débats de manière sereine.

Le contexte politique est passablement éruptif, nul ne peut le nier, et peu propice à poser les débats de manière sereine. La santé ne fait pas exception, comme en témoigne la surenchère dans la terminologie catastrophiste. Cela étant posé, ce n’est pas en s’affolant chacun dans son wagon que l’on va empêcher le train de dérailler : il s’agit plutôt, d’urgence, de rejoindre la cabine de conduite et de prendre les bonnes décisions, pour la bonne direction.

Ce qui est singulier dans la situation actuelle, c’est que contrairement à d’autres sujets en proie à des clivages difficilement réconciliables, il existe autour de la santé, et des solutions pour venir à bout des maux du système, un certain consensus. Certes, certains corporatismes sont bien installés, certains clichés aussi : ceux concernant le secteur privé ont la peau dure. Mais de manière générale, sur le terrain, l’appel à une nouvelle méthode pour transformer le système de santé, associant et responsabilisant tous les acteurs sur les territoires, fait l’unanimité.

Invitée du think tank des Echos qui présentait hier sa recommandation 2023 sur ce thème, la ministre Agnès Firmin-Le Bodo a redit sa volonté que les soignants du public et du privé « travaillent ensemble », avec les élus locaux et les patients, à l’échelle de chaque territoire. Fini, de se regarder « en chiens de faïence » et de prendre « des décisions unilatérales de l’avenue Duquesne »… Même tonalité hier soir dans l’émission de France 2 de la part de François Braun, évoquant la mobilisation sur la permanence des soins, aux côtés de l’hôpital public, des cliniques et des professionnels libéraux, et appelant à amplifier partout les coopérations.

Comité territorial de santé, CNR territorial, groupe santé territoire, « pacte » ? Qu’importe le flacon… pourvu qu’on ne rajoute pas de la complexité supplémentaire ; et surtout qu’on embarque vraiment tout le monde, avec une égale écoute, considération et valorisation de l’action de chacun. C’est bien là que trop souvent, le bât blesse, mais n’insultons pas l’avenir : cette démocratie territoriale de santé n’est pas une option si l’on veut vraiment s’en sortir.

Il y a quelques temps, Aurélien Rousseau, actuel directeur de cabinet d’Elisabeth Borne, a publié un ouvrage intitulé « La blessure et le rebond » *, une plongée instructive dans la crise du Covid alors qu’il était à la tête de l’ARS d’Ile-de-France. Je me permets de reprendre une phrase qui me cite : « Si je n’avais pas travaillé en confiance avec Lamine Gharbi lorsque j’étais à Matignon, je pense que nous n’aurions pas mis en place une coopération public-privé aussi puissante dans la région ». Confiance, coopération : tout est dit. Loin des stéréotypes, il s’est noué à ce moment-là des choses puissantes qui doivent encore nous inspirer.

En quatrième de couverture, on trouve aussi cette phrase, qui résonne particulièrement aujourd’hui : « La démocratie a besoin d’être éclairée par une lumière plus sereine sur son fonctionnement si elle ne veut pas être prise dans le faisceau blafard du projecteur des populismes ». L’actualité nous montre en effet que la pédagogie de la réforme n’est pas tout à fait superflue… En l’occurrence, si nous sommes tous réunis autour d’un pacte clair et juste, fondé sur la confiance et la transparence, l’émergence d’une santé plus démocratique, plus participative et plus collaborative, ne sera plus une vue de l’esprit mais une réalité tangible.

Lamine Gharbi

 

*Chez Odile Jacob

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