19 avril 2023
Édito de Lamine Gharbi (Président de la FHP) – Service public de santé, loi de programmation : agissons !
L’examen de la proposition de loi sur le « bien-vieillir » est au milieu du gué, le Parlement interrompant pour quelques jours ses travaux.

L’examen de la proposition de loi sur le « bien-vieillir » est au milieu du gué, le Parlement interrompant pour quelques jours ses travaux. Si le texte est jugé par certains comme manquant d’ambition, il comporte sur le champ médicosocial des propositions qui pourraient trouver une résonance avec celui de la santé.

Parmi celles-ci, on note la création d’un service public territorial de l’autonomie, proposé par amendement gouvernemental. Objectif ? Créer un cadre propice à la coopération des acteurs, afin d’apporter une réponse coordonnée au service d’un parcours fluide pour les personnes âgées, sur la base d’un diagnostic partagé. S’en suit la définition détaillée des « missions » autour desquelles se réuniraient les établissements et les services, les collectivités territoriales, les ARS…

Les députés ont souhaité ne pas conditionner la participation des membres de ce service public de l’autonomie à des critères trop restrictifs, pour en permettre l’accès à l’ensemble des acteurs compétents sur le territoire. Ce n’est pas le cas aujourd’hui en santé : le Service Public Hospitalier n’associe pas tous les acteurs.

L’émergence d’un Service Public de Santé accessible à tous doit donc être la prochaine évolution qui s’impose. Un cadre de coopération doit émerger sur les territoires, qui puise sa consistance dans les missions pour répondre aux besoins de santé des populations. Sa seule boussole doit être le service effectivement rendu aux patients.

Autre disposition adoptée à l’unanimité en séance publique, alors même qu’elle avait été rejetée en Commission : le principe d’une loi de programmation pour le grand âge, fixant sur cinq ans la trajectoire des finances publiques. Nous portons depuis longtemps, aux côtés des autres Fédérations hospitalières, la nécessité d’une loi de programmation en santé : d’une part pour sortir de la règle de l’annualité budgétaire qui sclérose toute vision ; d’autre part pour extraire le débat d’une approche seulement comptable afin de l’orienter autour des grandes priorités de santé – innovation, prévention…

Je suis de près les travaux des parlementaires. Le 5 mai, un débat sera organisé à l’Assemblée Nationale sur « la crise de l’hôpital public ». Si je salue l’engagement de la Représentation nationale en matière de santé, je trouve dommage cet angle restrictif donné au débat : si nous voulons vraiment sortir notre système de santé de l’ornière, il faut privilégier une approche en surplomb, soutenir, reconnaître et faire collaborer l’ensemble de l’écosystème. Nous avons les mêmes soucis (les pénuries en ressources humaines par exemple), nous remplissons les mêmes missions, et nous avons les mêmes attentes d’une vision ambitieuse pour les patientes et les patients. Alors, puisqu’à quelques nuances près, nous sommes tous d’accord : agissons.

 

Lamine Gharbi

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